Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/656

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venir aussi dispendieuse que l’a été la dernière, pourrait bien, par l’impulsion d’une irrésistible nécessité, nous entraîner dans un système d’impositions tout aussi oppressif que celui de la Hollande, ou même que celui de l’Espagne[1]. À la vérité, on peut dire, à la gloire de notre système actuel d’imposition, qu’il a jusqu’à ce moment causé si peu de gêne à l’industrie, que, même pendant la durée des guerres les plus ruineuses, l’économie et la bonne conduite des particuliers ont pu suffire, à ce qu’il semble, à force d’épargnes et d’accumulations, à réparer toutes les brèches que les dissipations et les excessives dépenses du gouvernement avaient faites au capital général de la société. À la conclusion de la dernière guerre, la plus coûteuse que la Grande-Bretagne ait jamais eu à soutenir, son agriculture était aussi florissante, ses manufactures aussi nombreuses et aussi pleinement en activité, son commerce aussi étendu qu’ils l’avaient jamais été auparavant. Il faut donc que le capital qui maintenait en activité toutes ces différentes branches d’industrie ait été égal à ce qu’il a jamais pu être auparavant. Depuis la paix, l’agriculture a reçu encore de nouvelles améliorations ; les loyers ont augmenté de prix dans toutes les villes et villages du royaume, preuve d’une augmentation d’opulence et de revenu parmi le peuple, montant annuel de la plupart des anciens impôts, et en particulier des branches principales de l’accise et des douanes, a toujours été en augmentant ; preuve également évidente d’une consommation sans cesse croissante et, par conséquent, d’une augmentation dans le produit, sans quoi cette consommation n’eût pas pu se maintenir. La Grande-Bretagne paraît porter avec facilité un fardeau que personne, il y a un demi-siècle, ne l’eût crue capable de soutenir. N’allons pas cependant pour cela en conclure follement qu’elle soit en état d’en porter bien d’autres, ni même nous flatter trop qu’elle puisse, sans une très-grande gêne, recevoir un poids un peu plus lourd que celui qui pèse déjà sur elle[2].

Quand la dette nationale s’est une fois grossie jusqu’à un certain

  1. Le système de taxation paraît avoir atteint sa dernière limite, et les exigences du gouvernement sont souvent dures. Chez nous, c’est la taxe même, et non le mode de recouvrement qui constitue l’oppression. En Espagne, dans la plupart des cas, c’était justement le contraire qui avait lieu.
    Buchanan.
  2. Depuis l’époque à laquelle l’auteur a écrit, la dette publique de l’Angleterre a augmenté de 400 millions sterling, c’est-à-dire qu’elle a fait plus que quadrupler. Garnier.

    — Elle a supporté un fardeau six fois plus considérable, toutefois non sans effort, à la fin de la guerre avec l’Amérique. Buchanan.