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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/85

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transport d’un lieu dans un autre[1]. D’après tous ces divers avantages, il paraît que dès le commencement il a produit un agio, et on croit, en général, que toutes les sommes d’argent déposées originairement dans la banque y ont été laissées, personne ne se souciant de demander le payement d’une créance qu’il pouvait vendre sur la place avec bénéfice. En demandant son payement à la banque, le propriétaire d’un crédit sur la banque perdrait ce bénéfice. Un schelling tout neuf sortant de dessous le balancier, n’achètera certainement pas plus de marchandises au marché qu’un de nos vieux schellings ordinaires, tout usés qu’ils sont ; de même, la bonne monnaie de poids qui serait sortie des coffres de la banque pour aller dans ceux d’un particulier, étant une fois mêlée et confondue avec la monnaie courante ordinaire du pays, n’aurait pas eu plus de valeur que cette monnaie courante, de laquelle il n’y aurait plus eu moyen de la distinguer. Tant que cette monnaie restait dans les coffres de la banque, sa supériorité était connue et légalement constatée. Mais, une fois versée dans les coffres d’un particulier, il n’était plus guère possible d’en constater la supériorité, à moins de prendre plus de peine que peut-être n’eût valu la différence. D’ailleurs, étant une fois sortie des coffres de la banque, elle perdait encore tous ses autres avantages d’argent de banque, sa sûreté, sa facilité à être transportée sans peine et sans risque, sa faculté de servir au payement des lettres de change étrangères. Par-dessus tout cela enfin, on ne pouvait pas la faire sortir de ces coffres, comme on va le voir tout à l’heure, sans payer préalablement quelque chose pour frais de garde.

Ces dépôts d’argent monnayé, ou ce que la banque était obligée de rendre en bon argent monnayé, constituaient le capital originaire de la banque, ou la valeur totale de ce qui était représenté par ce qu’on appelait argent de banque. Aujourd’hui, cela est censé n’en constituer qu’une très-petite partie. Dans la vue de faciliter le commerce des lingots, la banque a adopté, depuis plusieurs années, la pratique de donner crédit sur ses livres, moyennant un dépôt d’or ou d’argent en lingots. Ce crédit est, en général, de 5 pour 100 environ au-dessous du

  1. Une loi expresse interdit tout arrêt juridique, direct ou indirect, sur les sommes ou valeurs en banque appartenant à qui que ce soit.