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reste des animaux. Ceux-ci paroissent ne connoître ni trocs, ni échanges, ni aucune autre sorte de contrat. Deux lévriers qui courent un lièvre ont quelquefois l’air d'agir avec une sorte d’intelligence ; ils le pressent de deux côtés opposés, le poussent l’un vers l’autre, & le plus éloigné cherche à s’en saisir, quand le plus voisin le lui envoie. Mais cette unanimité de poursuite n’est point un accord ; c’est l’effet de la rencontre accidentelle de leurs passions, qui dans le même instant les précipitent vers le même objet. Qui vit jamais un chien faire, d’un os contre un autre os, l’échange volontaire avec un autre chien ? Qui jamais entendit un animal, par ses cris naturels, ou même par ses gestes, dire à un autre : « Voici qui est à moi, voilà qui est à vous ; je veux bien vous donner le mien pour le vôtre. »

L’animal qui veut obtenir d’un homme ou d’un autre animal la chose dont il a besoin, n’a aucun autre moyen de persuasion que d’exciter la bienveillance de ceux dont il attend les services. Le petit chien, qui désire la mammelle, caresse sa mère ; l’épagneul, que presse le besoin de manger, cherche par de petits coups répétés à