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LE BRAYAGE DU LIN

Quand je vis l’arène pour la première fois, toutes les brayes étaient déjà en place et les brayeux avec. Le matin de notre courvée, il y en avait des brayes, j’en ai compté 22. On les avait disposées en cercle, autour du fourneau, pour la commodité de celui qui devait donner les poignées de lin aux brayeux. Apprenez que ce fut moi qui reçus cette besogne glorieuse.

Vous ne les connaissez pas les brayes ! Petits malheureux, il vous faudrait les avoir vues briser la poignée, la tordre sous leurs puissantes mâchoires, pour bien les comprendre. Apprenez toujours que la braye se tenait à hauteur d’homme. Supposez-lui la forme que vous voudrez ; celle de chez nous ressemblait à un chevalet de bois, qu’on aurait assis sur deux pieds écartés. La partie supérieure, qui se terminait par le manche, n’était rien moins qu’un petit auget renversé s’enfonçant dans les rainures de la partie inférieure.

Maintenant voulez-vous la faire fonctionner, levez le manche de l’auget, couchez sur les rainures la poignée de lin, et frappe qui frappera, l’auget en descendant s’enfoncera dans la poignée, comme les mâchoires d’un animal.

C’était merveille de voir José. Je puis vous acertifier que le lin se tordait sous sa braye de