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LA CORVÉE

m’risier. De la gueule inexorable, les aigrettes montaient et descendaient comme de petites folles. Sa poignée est déjà passée au crible, il reste bien de l’étouppe au bout, mais bon sang, elle va partir, car d’un geste magnifique, il vous émouche le lin, sur le dos de sa machine. Hourrah pour José ! Voyez son beau cordon de filasse et il a fini une beauté plus vite que les autres. Sa réputation est encore assurée.

Pourtant ce sont de fiers brayeux que les gens de l’Embarras. Ils vous le brayaient le lin sec, et dans l’arène, c’était une poussière ininterrompue d’aigrettes, et sur le sol une jonchée d’étoupe qui allait jusqu’aux jambages des instruments.

Près du fourneau, c’est Bébé à Donat, un bébé de 32 ans, farceur comme quatre, puis c’est Landry, notre maitre-chanteux de la paroisse, et pour vrai il mâchonne toujours un air populaire, une bribe de Préface ; à l’abri des érables, p’tit Coq de la Haute-Ville, ce nom lui fut donné en cadeau, un jour qu’il régimenta fort ses camarades, même au bout du poing. Il ne faut pas oublier Bastien, l’éternel êtriveux, et les petits Gauvin, deux boulets de 6 pieds 3 pouces.

Et pensez-vous que c’était à la brayerie, comme dans un cloître. Les gens de l’Embarras, au dire,