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LA CORVÉE

Mais il n’était pas toujours chanceux avec le sexe faible et je vous assure qu’assez souvent il se faisait revirer de la belle manière. De temps en temps, le violonneux sifflait une gigue, ou bien Landry étouffait les bavardages des brayes de sa voix de stentor. Et c’étaient des airs canadiens qui venaient rythmer le travail de Landry… « Ah ! courez, courez, courez, petite fille brune et gentille, ah ! courez, courez, venez ce soir vous amuser »… Ah ! qui marierons-nous ?… Dans mon chemin, j’ai rencontré… C’est la belle Françoise, lon, gai… Mon père avait un beau champ de pois… Vive la canadienne, vole, mon cœur, vole… Vive la Canadienne et ses jolis yeux doux. Tous de reprendre, « et ses jolis yeux doux, doux, etc. »

J’oubliais de vous dire que dans la relevée j’avais dû céder ma besogne aux jeunes filles. Les brayeux, même ceux qui avaient pris femmes, trouvaient la chose fort à propos. Et je vous assure qu’à travers les atomes d’aigrettes, on pouvait deviner des regards qui ne manquaient pas de feu, des sourires qui n’étaient pas sans charme. Mêlés au murmure bon enfant du ruisselet, on aurait pu surprendre des propos qui auraient fait mourir de jalousie les maris un peu exaspérés des mauvaisetês de leur compagne.