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LA CORVÉE

sur le banc d’œuvre, était en bras de chemise d’étoffe rouge, et se mouchait avec fracas dans un grand mouchoir d’indienne brune, tout en surveillant Pierre et Catherine qui chuchotaient dans un coin.

— Je savais pas que t’étais icite, disait Pierre à Catherine.

— Ah ! tu le savais ben, répondit Catherine câlinement. Sais-tu, Pierre, que ça fait un an aujourd’hui qu’on s’est parlé pour la première fois…

— Oui, c’est vrai, on s’était rencontré près de la croix où on allait faire le mois de Marie, l’année passée, continuait Pierre, devenant rêveur.

— Oui, pis on était allé ramasser des petites fleurs le long du bois… je me rappelle de tout… dit Catherine, enveloppant Pierre d’un regard amoureux.

— T’es donc fine, Catherine, s’écria Pierre, lui saisissant la main.

Regimbal de loin, la moustache frémissante, ne perdait pas un mouvement, et, à la dérobée, il se glissait auprès de Pierre et de sa blonde, pour tout entendre.

— Ah ! que c’est beau l’amour, leur cria-t-il, avec un sourire narquois, le temps des amourettes, voyez-vous…