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LA CORVÉE CHEZ BAPAUME

d’une sorte de froissement de feuilles métalliques. La noirceur, si possible, se fit encore plus opaque. La chose géante arrivait, allait s’abattre. Un formidable éclat de tonnerre ébranla la maison de Bapaume. Tous coururent se réfugier à l’intérieur, les « créatures », pâles et hagardes, formant un cercle serré au milieu des hommes de la courvée.

Et soudain, enfin déchaînée, la tourmente passa, creva sur le village, les trombes d’eau s’abattant en nappes serrées sur la terre assoiffée et tout aussitôt y disparaissant, cependant que le sol, aussi, se couvrait d’une épaisse couche de grêlons, qui couraient et bondissaient partout en refaisant le bruit singulier entendu l’instant d’avant. Dans la noirceur qui s’était encore épaissie, on eût dit, durant quelques minutes fugitives, que c’était là la fin de tout.

Puis, aussi subitement qu’elle était venue, cette noirceur se dissipa. Même au point de l’horizon où, il n’y avait qu’un moment, on avait vu s’avancer l’horrible vision, un peu de blanc teinté de rose et de bleu maintenant apparaissait. Çà et là des nuées commencèrent à se vêtir d’une crête dorée, et voici que, comme elles s’écartaient un peu par le bas, apparut, sombrant dans une mer empourprée, le disque de l’astre-roi, dont les rayons