Page:Société Saint-Jean-Baptiste - La corvée (deuxième concours littéraire), 1917.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
LA CORVÉE

de feu projetés un peu partout préludaient à la poussée de l’arc-en-ciel qu’on voyait peu à peu monter jusqu’au zénith. Une délicieuse fraîcheur venait de la terre, qui après avoir bu tout son plein, allait entrer dans la paix de la nuit.

* * *

On annonça le souper, mais avant de se mettre à table tous passèrent voir le malade un instant qui, sous les bouffées d’air frais emplissant la chambre, semblait vouloir se raccrocher à la vie. Lui qui, depuis tant d’heures, se roulait sur son lit en faisant à tout moment le geste de s’étreindre la tête pour en extraire le mal qui la tenaillait, s’était maintenant presque subitement tranquillisé. Les yeux, aussi, qui s’ouvraient par intervalles, paraissaient avoir une lueur de connaissance. Ce que voyant, sa femme, espérant quand même le miracle d’une guérison toujours possible, et voulant en hâter la réalisation, jugea le moment favorable pour annoncer à son homme qu’il n’eût pas à s’inquiéter de ses foins, et que tout était en grange. Puis, pour le convaincre tout à fait, elle lui parla de la courvée de l’après-midi, et comme quoi tous ces braves garçons qui étaient en ce moment à ses côtés avaient fini par mener l’ouvrage à bonne fin. Et « de la belle ouvrage », il pouvait se le tenir