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LA CORVÉE CHEZ BAPAUME

pour dit. Il verrait lui-même, d’ailleurs, dès qu’il serait debout.

Bapaume dut entendre et comprendre, car un commencement de sourire s’esquissa aux coins des lèvres. Et alors, rien que d’avoir vu ce pâle semblant de retour à la vie, chacun s’en fut content vers la salle à manger, bien décidé de faire honneur au souper de la courvée.

Deux énormes pâtés, l’un de canards et l’autre de poulets, aux deux bouts de la table, faisaient les frais principaux de ces agapes, le tout arrosé d’un excellent cidre — le verger de Bapaume était célèbre — capiteux comme il fallait, et qui en un rien de temps mit tout le monde en heureuse disposition. Au dessert, composé de tartes de toute description et de corbeilles de fruits de saison, ce fut tout juste si la pensée de l’agonisant dans la chambre d’à côté empêcha les convives de réclamer à Grimblot une autre chanson. Nos gens de la campagne, du moins ceux qui sont bien pénétrés des choses de la terre, n’ont pas comme à la ville la même appréhension de la mort. Tout ce qui vit finit par mourir, c’est la loi, et la plupart s’y soumettent sans murmurer et en trouvant la chose toute naturelle. Mais, à défaut de chanson, la causerie n’en fut pas moins aussi vive et enjouée