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LA CORVÉE CHEZ BAPAUME

pouvait être sûr qu’on ne lui danserait pas sur le ventre avant qu’il fût porté en terre.

Au surplus, le dénouement était plus rapproché qu’on ne croyait. Le docteur du village étant venu faire son tour vers les neuf heures, annonça que le malade n’en avait plus que pour un bout de temps, et que, dans tous les cas, il passerait sûrement avant que la nuit s’écoulât. Ce fut, chez tous, un effarement. Comment donc, mais le moribond paraissait tout à l’heure si reposé, si joyeux surtout de savoir ses foins bien au sec, dans sa grange. Eh bien, oui, c’était là précisément, cet apaisement trompeur, la fin de tout ce qui s’en venait petit à petit. On espérait, devant ce calme, une guérison toujours possible, alors que ce n’était là qu’une détente de tout l’être, comme pour mieux le préparer au dernier sursaut qui n’était pas loin.

Le docteur avait vu juste. Dix heures venaient de sonner, et bon nombre s’apprêtaient déjà à prendre congé, sentant enfin la fatigue de leur