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LA CORVÉE

le cœur bien fait. Cédant à un emportement de jeunesse il avait rompu avec le foyer, mais il s’était gardé de la corruption urbaine qui, trop souvent, atteint le campagnard et du premier coup, jusqu’aux moelles. Il savait bien au fond de lui-même que Dieu le punissait. La ruine de son pauvre ménage par l’incendie, cette typhoïde qui, en épuisant ses dernières ressources l’avait mis à deux doigts de la mort, tous ces maux accumulés châtiaient — il le comprenait — l’insulte jetée à la face paternelle. À ce retour inattendu des choses, devant ce père qui s’humiliait et venait à lui en passant par son enfant, il porta la main à ses yeux. Un flot de larmes, accumulées comme l’eau derrière un barrage, déborda tout-à-coup, et il tomba à genoux en murmurant :

— Pardon, père, pardon !

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Un quart d’heure après, le bébé dormait dans le capot du père Jacques Maillé, et devant un bon feu d’érable, il y avait un vieillard tenant un enfant sur son genou, qui disait à un jeune homme et une jeune femme pleurant tous deux en face de lui :

— C’est la vieille mère qui va en faire une joie quand elle va nous voir tourner le coin de la route !

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