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JEAN-BRETTE À L’ÉPLUCHETTE

« les épis commençaient à reluiser, et puis disait-il, ça sera un adon pour ma Rose de se faire des cavaliers ; car nous inviterons les jeunesses des trois rangs. »

Qui fut dit fut fait. Et comme c’était la première épluchette de la saison, aucun des invités n’y manquait : c’est vous dire que les trois Coteaux y étaient.

Mais faut avouer que si la chose adonnait Virelouche, ça n’était pas aussi adonnant pour Roselinette ! Me voilà bien prise, se disait-elle, toute triste. Car, dans une épluchette, il y a des épis rouges, et alors ? alors je vais me faire embrasser ; et alors ? oui alors… » Vous savez le reste, n’est-ce pas ? La belle pouvait se faire embrasser par queuque gamin du Vieux Coteau, et il lui faudrait l’épouser. Orgueilleuse comme elle était, la pauvre Roselinette tordait son tablier en pleurant de rage.

Tout à coup une idée lui vint : « Si je cachais tous les épis rouges, se dit-elle, personne ne pourrait m’embrasser… » Et toute la nuit qui précéda l’épluchette, Roselinette la passa à trier des épis rouges et à les bien cacher. La petite n’avait pas les yeux clairets le lendemain, mais tout de même, elle était fière de son coup ; et pour un coup vous conviendrez que c’en était un mâtin.