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Vivarais, du Dauphiné et des provinces méridionales. Dès lors, sa possession devait exciter la convoitise de tous les partis. Les protestants s’en étaient rendus maîtres ; par là ils avaient pied dans le Vivarais et le Velay. Profitant d’un édit royal qui leur accordait Saint-Agrève comme un lieu de refuge momentané, ils s’y étaient fortifiés et rendus si redoutables qu’il fut urgent de les en déloger. Vers les premiers jours de septembre 1580, les gouverneurs du Velay et du Vivarais, Saint-Vidal et Tournon, reçurent l’ordre d’en faire le siège. L’investissement commença le 16. Le déploiement des forces catholiques ne permit pas à Jacques de Chambaud, homme de guerre consommé qui commandait les protestants du Vivarais, de rentrer dans la place pour secourir ses coreligionnaires, qui furent contraints, après une vive défense, de sortir furtivement de Saint-Agrève dans la nuit du 25 au 26 septembre[1]. C’est le récit de cette expédition que nous a conservé Charles de Figon et que nous reproduisons en fac-similé.

Il me resterait à donner quelques renseignements sur Charles de Figon, l’auteur du Vray Discours ; mais un spirituel érudit, M. le docteur Charreyre, plus près des lieux que moi, possède, sur ce personnage et ses alliances dans le pays, de nombreux documents inédits ; il me les a, il est vrai, généreusement offerts. Je ne veux pas lui enlever le plaisir de les mettre lui-même en œuvre. Le lecteur n’y perdra rien.

  1. Après ce siège, il semblait que Saint-Agrève eût dû rester aux catholiques ; mais c’était un point stratégique trop important pour que Chambaud ne cherchât pas à le reprendre : en effet, il ne tarda pas à y rentrer. Il rendit la place plus forte qu’auparavant. En 1588, un nouveau siège devint encore plus urgent que le précédent. Ce fut encore Saint-Vidal et Tournon qui se présentèrent devant cette petite malheureuse ville pour l’enlever aux religionnaires. Mais cette fois ils eurent affaire à Chambaud lui-même. Il se défendit avec une vigueur extrême. Après plus d’un mois de siège, (5 sept. — 8 oct.), « Tournon et Saint-Vidal furent contrainctz, voyant les grands fraiz que se faysoient, que aussi pour aultant que le froyt et yver s’approchoyt, de prendre les assiégés à composition. » En conséquence, Chambaud sortit « avec le tambour batant, enseigne despliée, avec l’arquebuse et mèche allumée ». Voir sur ces deux sièges les Mémoires de Jean Burel, pag. 64 et suiv., et 108 et suiv.