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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1883-1885, Tome 4.djvu/47

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mémoires

de bismuth, du calomel ou du sulfate de soude, nous ne savons point quelles sont les sophistications qu’on fait subir à ces corps. Placé au lit du malade, en face d’une de ces substances qu’on vient d’apporter de la pharmacie, il nous est difficile, au milieu des nombreuses réactions que nous signalent les auteurs, de choisir immédiatement celle qui doit nous apprendre de suite, sans tâtonnements, s’il y a, oui ou non, falsification. En admettant, cependant, que nous soyons fixés sur ce point, tout n’est pas fini. Il nous faut un laboratoire, des cornues, une source de chaleur, des réactifs que le médecin n’a pas : il nous faut recourir à des manipulations compliquées et délicates, qui demandent souvent beaucoup de temps ; il nous faut une habitude et une certaine dextérité que nous n’avons pas acquises dans les hôpitaux. Aucun traité de chimie nous prenant, pour ainsi dire, par la main, et se pliant aux exigences de la pratique médicale, n’enseigne au clinicien des moyens simples, faciles, expéditifs pour reconnaître immédiatement si tel corps est fraudé ou ne l’est pas ; si tel éther est pur ou renferme de l’alcool ; si tel sel de potassium renferme, oui ou non, un sel de soude, etc.

Les Traités de matière médicale et d’histoire naturelle insistent beaucoup sur l’historique, le lieu d’origine, les espèces, les variétés, la description des racines, des tiges, des fleurs, des semences, etc., mais parlent à peine du sujet qui nous occupe. Ils nous enseignent que « les cinchonas végètent sur différentes ramifications de la chaîne des Andes dans l’Amérique du sud ; que l’altitude à laquelle ils prospèrent est comprise entre 1 200 et 3 270 mètres ; qu’ils croissent dans une zone offrant une longueur d’environ 800 lieues et une largeur qui ne dépasse guère 18 lieues : que cette bande territoriale s’étend du 10e degré de latitude boréale au 19e degré de latitude australe, etc. » Cependant, sachant tout cela, le médecin, au lit du malade, se trouve très embarrassé pour distinguer la cinchonine de la quinine, pour savoir si celle-ci n’est pas falsifiée, pour vérifier si telle pilule quinique renferme vraiment de la