Aller au contenu

Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1883-1885, Tome 4.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
vérification clinique des médicaments

Il est bien évident que si l’on a cru administrer 1 gramme de sulfate de quinine pour couper court à un accès pernicieux, et si, en réalité, l’on a donné que 50 centigrammes (le reste n’étant que du sucre ou de la craie), il est bien évident, dis-je, que l’accès peut ne pas être enrayé et emmener le malade. Il est bien certain, comme cela m’est arrivé, que si, au lieu d’administrer 2 grammes d’ergot de seigle en poudre, pour arrêter une perte post partum, l’on n’administre que 2 grammes d’une poudre inerte (mélange de sucre, de fécule, de poudre de réglisse, etc.), médecin et malade peuvent se trouver dans une position assez critique ; l’on peut se demander ce que seraient devenus les typhiques des hôpitaux auxquels on faisait absorber 4 grammes de quinine, si cette quinine eût été bonne, etc.

La sophistication des substances actives peut avoir des conséquences extrêmement graves. « Une fraude sur la strychnine, nous dit M. Baudrimont, est un crime. Elle peut être la cause de la mort des malades et le pharmacien, qui s’en rend coupable, commet le crime d’homicide volontaire ». En effet, supposons qu’un médecin fasse prendre, dans une officine, une préparation de strychnine ; si les effets de cet alcaloïde sont peu marqués, le médecin est porté à en augmenter la dose ; la dose étant augmentée, il peut se faire que, pour une raison quelconque, on vienne à prendre l’alcaloïde dans une autre officine, où il est livré pur ; la dose, quoique la même, produit alors d’autres effets qui peuvent être tels que le malade est empoisonné et succombe, quoiqu’il n’ait pris que la quantité de strychnine ordonnée par le médecin ; seulement dans un cas le médicament était falsifié, et dans l’autre il ne l’était pas. Cette hypothèse, suivant Chevallier, s’est malheureusement réalisée deux fois. Elle s’est réalisée plusieurs fois à propos d’autres substances, telles que le laudanum, l’aconit, la belladone, etc.

Quelquefois les médicaments sont falsifiés avec d’autres substances très actives qui peuvent donner lieu à des effets tout opposés à ceux que l’on attend. Nous avons eu déjà l’occasion de parler de la sophistication de la poudre de gentiane par la pou-