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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1883-1885, Tome 4.djvu/52

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vérification clinique des médicaments

sultats cliniques ne peuvent être concordants que quand les médecins se servent de la même substance pour expérimenter.

Se faisant une fausse idée de la valeur d’un médicament, les praticiens peuvent à tort admettre ce médicament ou le rejeter de leur arsenal pharmaceutique. Le clinicien, en effet, a l’habitude de juger la valeur d’une substance médicamenteuse par les résultats qu’il en obtient, et si ceux-ci sont mauvais, il se hâte de rejeter cette substance sans s’informer si ces résultats tiennent à l’essence même du remède ou à sa préparation défectueuse. Une grande et importante règle de toute thérapeuthique rationnelle nous semble être cependant la vérification préalable de la substance médicinale au moyen des réactifs. Comment, en effet, savoir si un médicament est efficace ou non : 1o Si l’on n’est pas assuré d’avoir fait absorber ce médicament au malade (histoire de la cinchonine donnée pour la quinine) ; 2o si l’on n’est pas sûr qu’il ait été absorbé en quantité voulue ; 3o enfin, si l’on n’est pas absolument certain qu’il n’a été falsifié par aucune matière étrangère capable d’augmenter, diminuer ou modifier son action ? Le médicament a-t-il été réellement pris, en quantité voulue et non fraudé ? Telles sont les trois questions que tout médecin doit se faire, avant de se prononcer définitivement sur la valeur des substances médicamenteuses : les résultats cliniques ne peuvent venir qu’en seconde ligne.

On parle beaucoup en médecine, de l’idiosynchrasie. — Un médecin, voyant qu’un tel remède a fait dans un cas et a échoué dans un autre absolument semblable, se contente habituellement, pour expliquer ce phénomène, d’invoquer ce grand mot tiré du grec, de même qu’autrefois avant la découverte de l’ophtalmoscope, on employait, à tout propos, le terme amaurose pour expliquer doctement ces nombreux cas de cécité dans lesquels les médecins… ne voyaient pas plus clair que leurs malades. — Je ne veux pas nier absolument que chaque individu n’ait vis-à-vis des médicaments une susceptibilité particulière, mais je suis fortement porté à croire que, la plupart du temps, on attribue à tort à une idiosynchrasie individuelle ce qu’il faudrait