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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1883-1885, Tome 4.djvu/54

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vérification clinique des médicaments

pas une salle de gare qui n’en soit tapissée, pas une colonne du boulevard qui ne nous en offre intus et extra. Le papier supporte tout, dit le proverbe, et on lui fait tout supporter effrontément.

« Comptez, si vous pouvez, dit le professeur Diday, tous les vins, cigares, farines, pâtes, mixtures, tous les robs, sirops, thés, topiques, toutes les rinçures de fioles et raclures de bassines qui émergent du néant à chaque aurore nouvelle. Comptez : la besogne est peu alléchante, mais le texte instructif ! Oh ! le texte ! L’un a trouvé l’injection « seule infaillible, la seule qui guérisse en trois jours » ; l’autre, le croiriez-vous, vient à bout, sans mercure, des blénorrhagies ! — L’on me crie de gauche que deux pilules de X… prises le matin, sans aucun régime, guérissent la masse du sang, corrigent les humeurs, expulsent la corruption, les acides, la bile, les glaires, les matières âcres, vicieuses, muqueuses, corrosives, sources de toutes les maladies,… Mais l’on me répond de droite : « un potage, un simple potage (la douce et bienfaisante Révalescière) guérit les dyspepsies, gastralgies, phtisies, dyssenteries, vomissements, insomnie, constipation et diarrhée, l’anémie, le manque d’appétit et l’énergie vitale ». — Guérit l’énergie vitale !

Souvent les malades qui veulent se médicamenter eux-mêmes (ils sont nombreux) n’ont que l’embarras du choix ; il est vrai de dire que parfois cet embarras n’est pas mince, surtout quand, dans une série de préparations du même genre, on veut se procurer la meilleure. Les ferrugineux et les vins fortifiants sont de ce nombre ; sur la même page, il ne s’en étale jamais moins de quatre ou cinq, tous prônés comme seul efficace par des Académies, des Facultés, des professeurs, des comités de toutes sortes.

Les journaux de médecine eux-mêmes sont envahis, débordés par l’annonce. En vain, dira-t-on : « l’annonce est moins dangereuse dans les journaux de médecine ; les médecins sont assez éclairés pour corriger l’exagération ; ils ont assez de tact pour distinguer l’article payé au directeur, et savent démêler