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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1883-1885, Tome 4.djvu/57

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mémoires

Il est certain que beaucoup de fabricants de médicaments escomptent, outre mesure, le peu d’empressement qu’ont ordinairement les médecins pour les vérifications et les recherches chimiques. Je dénonce ce fait à l’attention de mes collègues.

3o Un grand inconvénient des spécialités, inconvénient qui s’accuse d’autant plus que celles-ci sont meilleures, est la contrefaçon.

On voit, en effet, journellement lancer dans le commerce, par des intermédiaires peu scrupuleux, une foule de préparations, de provenance suspecte, que le médecin doit absolument connaître pour en préserver ses malades. Ce sont des contrefaçons serviles ou des imitations habilement calculées des marques et des étiquettes auxquelles le public a donné justement sa confiance. On croit avoir affaire aux pilules de la pharmacie X***, dont le renom est mérité ; le flacon, le cachet, le mode de bouchage, tout est reproduit avec une entière vérité ; il n’est pas jusqu’aux mots : évitez les contrefaçons, qui ne s’y trouvent en toutes lettres. Vous pensez avoir, devant vous, la spécialité authentique, provenant de véritable source, et vous n’avez cependant qu’une indigeste composition dont les effets sont souvent nuis, quelquefois désastreux.

Il est une expérience bien simple que mes confrères incrédules peuvent tenter facilement. Tout médecin peut organiser sans frais, chez lui, un véritable musée des médicaments spéciaux, qu’il prescrit habituellement, en se les faisant adresser gratuitement par les fabricants. Toutes les principales drogueries, Blancard, Fumouse, Labélonye, etc., envoient franco, les produits principaux sortant de leurs laboratoires, et, en conservant les flacons et les boîtes vides, avec leurs étiquettes, le médecin a, par devers soi, des types qui permettent de contrôler facilement les médicaments fournis aux malades, toutes les fois qu’on prescrit une de ces marques. — Or, en employant ce mode de vérification, il m’est arrivé, maintes fois, de saisir, au vol, des falsifications, véritables chefs-d’œuvre d’imitation : marque, cachet, signature, tout s’y trouve, sauf certaines par-