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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1883-1885, Tome 4.djvu/60

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vérification clinique des médicaments

plement : les véritables pilules de Blancard au proto-iodure de fer. Je ne pensai pas qu’on pût s’y tromper. Le pharmacien délivra les véritables pilules de Blancard de chez M. X***, et comme je lui en faisais la remarque, il me répondit : « Les vraies pilules de M. Blancard se formulent : Pilules de Blancard à l’iodure ferreux inaltérable. Ayant trouvé, sur votre ordonnance, les véritables pilules de Blancard, sans indication du nom du préparateur, je vous ai donné celles de M. X*** qui se formulent ainsi ; il vous fallait spécifier ». Il était évident que la méprise était possible… pour un pharmacien ayant intérêt à se méprendre.

5o Un inconvénient, encore, des spécialités est de mettre à couvert tous les intermédiaires qui les délivrent, et de les rendre irresponsables. Ceci se voit pour tous les médicaments spécialisés, en général, de même que pour les produits préparés en grand, mais vendus en vrac aux pharmaciens.

Le seul but du fabricant en grand est naturellement de vendre beaucoup ; pour cela il abaisse ses prix et souvent, en même temps, la qualité de sa marchandise. C’est son moyen le plus sûr de réussir ; il n’a point, en effet, de responsabilité envers le médecin ou le malade ; quant aux pharmaciens, il est sûr qu’alléchés par le bon marché, ils lui feront de nombreuses commandes. D’autre part, ceux-ci ne peuvent se fâcher s’ils viennent à rencontrer des produits défectueux ; le fabricant en grand leur répond qu’il tient à leur disposition des produits d’une pureté parfaite, mais d’un prix supérieur, et les pharmaciens en détail (règle générale) n’ont garde de faire des commandes d’un plus haut prix.

D’ailleurs, les pharmaciens eux-mêmes sont souvent désarmés vis-à-vis du fabricant en grand et inhabiles à reconnaître les falsifications. Ils ne font qu’endosser aveuglément un produit dont la préparation leur échappe. Je demandai, un jour, à un pharmacien de mes amis comment il s’y prenait pour vérifier les produits à lui délivrés par l’industrie. — « Je ne les vérifie pas, me répondit-il naïvement ; je me fie à la marque ». Et comme je