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Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1883-1885, Tome 4.djvu/69

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dans leur nature, mais encore dans leur mode d’administration.

Chacun a fait ressortir, à sa manière, les nombreux avantages de cette sorte de révolution thérapeutique, et cependant il est un point qu’il nous semble que les auteurs ont laissé dans l’ombre et qui est pourtant d’une grande importance au point de vue de la médecine pratique : C’est la facilité extrême avec laquelle les nouveaux médicaments se prêtent à une vérification clinique, ce que ne faisaient pas les anciens remèdes.

Tous les médicaments chimiques ont ceci de caractéristique : c’est qu’ils présentent tous des réactions qui les font immédiatement reconnaître. Il suffit à un médecin de plonger, dans une solution d’un arséniate quelconque, le crayon de nitrate d’argent qu’il a dans sa trousse, pour voir naître instantanément un beau précipité rouge-brique d’arséniate d’argent absolument caractéristique. Une solution d’un arsénite, donne un précipité jaune, celle d’un bromure (bromure de potassium), un précipité blanc. Une pilule renfermant quelques milligrammes de morphine, délayée dans un peu d’eau et touchée avec une goutte de perchlorure de fer, prend une magnifique couleur bleue ; un granule de brucine, traité par l’acide azotique, devient d’un rouge sang. Une pincée de quinine, présentée à la flamme d’une bougie, fond en un liquide d’un très beau rouge ; des pilules, pastilles, dragées ou pommades, contenant un sel mercuriel quelconque, frottées contre un sou fraîchement décapé avec l’acide azotique, recouvrent immédiatement la surface du métal d’une belle couche argentée, etc.

Il n’est pas un seul médicament chimique qui n’ait à son actif une réaction très simple, très sensible, qui ne puisse de suite le faire distinguer, alors même qu’il serait à l’état de mélange.

Il n’en est point de même des anciens médicaments de la pharmacie. Habituellement composés d’un grand nombre de substances, lesquelles se trouvaient en eux en quantité variable, ils n’offraient jamais aucune réaction absolument caractéristique. Témoin, le diascordium, la thériaque, l’électuaire diaphœ-