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Et, montrant, le missionnaire couvert de sang :

« — Pourquoi ne pas le frapper à mort ? »

Comme on tarde à remplir cet ordre, il saisit une herminette, s’élance vers le missionnaire, et lui fend le crâne. Le martyr, qui, de l’aveu même de ses bourreaux, n’a laissé échapper aucune plainte, tombe la face contre terre et rend son âme à Dieu. A l’instant, bien que l’air fût calme et le ciel sans nuages, un coup de tonnerre retentit et fut entendu dans l’île entière. Suivant la Sacrée Congrégation des Rites, c’était une voix divine qui reprochait à l’île de Futuna le crime qu’elle venait de commettre : « Deus ipse, aere sereno, intonuit, omnemque insulam patrati criminis admonuisse visus est. »

Pierre-Marie-Louis Chanel était né le 24 juillet 1802, à Montrevel (Ain). Sa vie apostolique avait duré trois ans, cinq mois et vingt jours (du 8 novembre 1837 au 28 avril 1841). Il a été déclaré Vénérable le 24 septembre 1857.




ÉVÊQUES DE LA CONGRÉGATION
DES SACRÉS-CŒURS.
Mgr MAIGRET (Louis-Désiré),
évêque titulaire d’Arathie, vicaire apostolique
des îles Sandwich.
(1804— 1882.)

Né à Maillé, diocèse de Poitiers, le 14 septembre 1804, Louis Maigret annonça dès l’enfance les plus heureuses dispositions. À dix-huit ans, il entra dans la Congrégation des Sacrés-Cœurs, et reçut le nom de Désiré, le jour de sa profession.

Ayant été élevé au sacerdoce, il professa la philosophie au grand séminaire de Rouen. Peu d’années après, il demanda avec instance et obtint, le 24 octobre 1834, d’être envoyé aux missions de l’Océanie.

Il travaillait depuis deux ans à la conversion des îles Gambier, dans le calme et la joie, lorsqu’il reçut du vicaire apostolique de l’Océanie orientale une délicate et difficile mission : il s’agissait d’aller porter des instructions et des consolations au Père Alexis Bachelot, qui le premier avait prêché la foi aux îles Sandwich, et qui était à la veille d’en être banni une seconde fois. Le P. Maigret partit ; mais, signalé d’avance aux ennemis de la religion catholique, il ne put mettre pied à terre. Forcé de passer immédiatement sur un autre navire avec le Père Bachelot, il eut encore la douleur, dès les premiers jours de la traversée, de recevoir le dernier soupir du zélé confrère dont il devait plus tard reprendre et compléter l’œuvre.

En effet, au mois de mai 1840, le Père Maigret revint aux îles Sandwich avec Mgr Rouchouze et quelques autres missionnaires. Ils furent reçus avec enthousiasme par trois à quatre cents chrétiens, qui avaient généreusement.confessé la foi durant la persécution. Malgré leur petit nombre, les missionnaires s’établirent en même temps dans l’île d’Oahu et dans la grande île, appelée Hawaii, qui donne quelquefois son nom à l’archipel. L’année suivante, en quittant ces îles, Mgr Rouchouze chargea le Père Maigret du soin de diriger la mission.

Par la dignité de son caractère et par ses manières douces et engageantes, il ne tarda pas à conquérir l’estime et l’affection des indigènes. En quelques années, il instruisit et baptisa des milliers d’infidèles, bâtit à Honolulu une belle église en pierre de taille, et fonda de nombreux établissements pour contrebalancer l’influence des protestants.

Ce n’était pas assez pour le Père Maigret de ses travaux multipliés à Honolulu et dans les districts environnants : il se plaisait à encourager ses confrères de la grande île. En 1845, il leur fit une visite qui dura deux mois.

De nouveaux ouvriers arrivèrent l’année suivante, ce qui permit au Père Maigret d’établir la mission dans les îles de Maui et de Kauai et de faire visiter l’île de Molokai.

Cependant le Saint-Siège avait érigé les îles Sandwich en vicariat apostolique ; et le 11 août 1846, Pie IX avait choisi le P. Maigret pour remplir la charge de vicaire apostolique, en le nommant évêque d’Arathie. La consécration épiscopale, retardée par suite de la difficulté des communications, se fit à Santiago (Chili), le 31 octobre 1847.

Salué à son retour par d’unanimes acclamations, le nouvel évêque commença aussitôt la visite des différentes îles pour administrer le sacrement de confirmation. À peine l’avait-il terminée, qu’une cruelle épidémie éclata dans l’île d’Oahu, et particulièrement à Honolulu. Le vicaire apostolique et ses missionnaires étaient nuit et jour au chevet des malades. Trois fois, dans l’espace de sept ans, le fléau sévit avec violence, et emporta des milliers de victimes.

Son dévouement, son zèle, sa charité lui avaient attiré l’estime universelle et, quand il mourut le 11 juin 1882, le gouvernement hawaïen s’associa au deuil de la chrétienté d’Honolulu ; le roi et la reine le visitèrent sur son lit funèbre ; les princes de la