Page:Société des amis des sciences, de l’industrie et des arts de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1878, Tome 1.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
mémoires

parages, qu’une assiette presque nominale. Ce roi, dont le regard visait sans cesse ces pays de la langue d’oc, que son fils allait bientôt annexer à la couronne, devait donc naturellement chercher des alliés, des créatures en pays vellave. Il tenait surtout à l’amitié de l’évêque, et, en octroyant au prélat le château d’Arzon, Philippe renforçait en Velay le prestige du pouvoir royal par une munificence peu coûteuse à son trésor. Cette investiture du château d’Arzon acquiert, par conséquent, une haute portée, et Philippe-Auguste sut mettre à profit cet usage de sa prérogative pour s’assurer en 1214 un candidat de son choix à la chaire de Saint-Vosy.

À partir de 1212, l’histoire ne cite du vicomte Ponce IV et de l’évêque Bertrand que l’hommage, resté célèbre en nos annales. Au cours de l’effroyable campagne où s’abîma dans le midi la fleur gracieuse et fragile de la civilisation romane, le vicomte revint au manoir paternel, plein de cette foi vigoureuse et sombre qui animait les compagnons de saint Dominique. Son père, Héracle, après avoir consterné le diocèse du Puy et ses alentours, notamment la ville de Brioude, par sa farouche bravoure et ses exactions implacables, avait édifié sa famille et même ses victimes par l’éclat de sa pénitence. Ponce IV prit, lui aussi, le froc et ensevelit le reste de ses jours dans un couvent de l’ordre de Cîteaux. On ignore la date de sa mort. La disposition qui avait accompagné son hommage, c’est-à-dire l’institution de l’église du Puy comme son héritière, au cas où il décéderait sans hoirs légitimes, tomba d’elle-même par l’avénement à la vicomté d’un fils qui porta le nom de Ponce V.

Quant à l’évêque Bertrand de Chalancon, il ne survécut guère à l’hommage de 1213 : d’après le Gallia Christiana, il mourut le 21 décembre de cette année. Ses funérailles se célébrèrent par de grandes querelles et un véritables schisme de l’église du Puy. Certains chanoines élurent Brocard de Rochebaron et d’autres Robert de Mehun[1]. Brocard de Ro-

  1. Gall. Christiana, Eccl. Aniciensis, t. II, col. 710 et 753.