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mémoires

le premier à embrasser la Croisade, au concile de Clermont, avec quelques uns de ses chanoines. On voit encore à la Cathédrale, dans le chœur de Saint-André, la statue équestre de ce prélat, armé de fer de pied en cap, avec le casque en tête, la cuirasse et les autres ornemens militaires.

Les chanoines et tous les clercs de la Cathédrale portent cette lingarelle depuis les complies de Samedi Saint inclusivement jusques au vendredi suivant. Après la Prime ils la quittent, excepté les dignités, les officiers du chapitre cathédral, et ceux de l’Université de Saint-Mayol, comme sont les sacristains, les gardes d’autel, etc., et les dix enfans de chœur, qui portent cette lingarelle jusqu’au premier jour de may, qu’ils la quittent après la Prime. Les chanoines la portent avec l’aumusse doublée de rouge et personne ne peut entrer au chœur sans la lingarelle, quand on est obligé de la porter.

J’ai donné mes conjectures sur le mot de lingarelle à feu dom Nicolas Toustain, bénédictin de Saint-Maur, qui avait fait non seulement un recueil considérable de divers mots pour augmenter la nouvelle édition du Glossaire de M. Du Cange, mais encore qui avoit appris diverses langues, même l’hibernoise, qui est très difficile, pour découvrir l’origine et l’étymologie de ces mots barbares, Je ne scai, Monsieur, si dans cette nouvelle édition que vous citez avec éloge, et que je n’ai pu encore voir, on aura fait usage de mes conjectures sur la lingarelle, et de l’explication de plus de mille mots qui étoient inconnus au docte Du Cange et que j’avois donnés à D. Toustain.

Cette lingarelle a quelque rapport au caperon que portent les novices capucins, conformément à la règle de saint François que les bons religieux tachant de pratiquer à la lettre. Concedant eis pannos probationis, videlicet duas tunicas sine caputio et cingulum et brachas et caparonem usque ad cingulum… Cap. 2. Les Cordeliers, au lieu de caperon, portent une petite pièce d’étofe cousue à la mosette ou capuce, qu’on nomme la languette, ce qui a quelque rapport au mot de lingarelle ou petite langue. Il n’y a point ici de Récollets ni de Pénitens du Tiers-Ordre de saint Francois ; s’il y en a dans votre voisinage, vous pourrez voir la forme de leur caperon. Celui des Capucins ressemble au chaperon que les gens de robe portent lorsqu’ils sont en habit de deuil, et qu’il portoient autrefois autour de la tête, de même que les docteurs et gradués.

Je suis avec, etc.

Du Puy en Velay, le…

(Mercure de France de l’année 1736, p. 2611 et sq.)