Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/26

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« le Roi dispense de toute cérémonie ». Une comparaison avec les lettres que Fersen adressait vers la même époque à Gustave III fait ressortir la différence de ton et de style, quoique le roi de Suède ne fût pas particulièrement friand de formules de politesses dans sa correspondance avec des amis intimes.

Nous irons même plus loin, en affirmant que ce ton « peu séant » (rude) que Miss Bradby reproche aux triumvirs est en somme un nouvel argument en faveur de l’authenticité des documents. S’il ne s’agissait que d’une falsification et surtout si Heidenstam en eût été l’auteur, il ne lui serait certainement pas venu à l’idée de faire parler aux triumvirs un langage familier ou grossier. Tout au contraire les modifications que Heidenstam a fait subir au texte se rapportent-elles à ces soi-disant écarts de langage. Heidenstam s’est appliqué à rendre le style des triumvirs plus poli et celui de la reine moins direct et moins confiant !

Mr Glagau, lui, s’attaque à la lettre du 5 novembre 1791 où Barnave met la reine en garde contre Mme de Staël et Narbonne, en la priant de ne leur tenir à l’avenir aucun propos malveillant sur Lafayette, car ils s’en serviraient aisément, attendu qu’ils le détestent : « une telle erreur est impossible, surtout pour Barnave ; seul, un faussaire très mal renseigné pouvait la commettre ». Il est incontestable que les fayettistes, sinon Lafayette qui était alors en Auvergne, manœuvraient alors de concert avec Mme de Staël, mais il est bien possible aussi que celle-ci le regardât comme un rival éventuel pour son amant ou que ses sentiments personnels ne fussent pas d’accord avec sa conduite politique ; il ne nous paraît pas prouvé que Barnave ait commis une erreur ; il l’est d’ailleurs encore moins qu’il fût incapable de se tromper en pareille affaire.

Le même critique croit aussi trouver une contradiction entre celles de nos lettres où Barnave parle du duc d’Orléans et le mémoire à l’empereur que les triumvirs firent envoyer par la reine, en janvier 1792, et qui est connu depuis long-