Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/27

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temps. Dans les premières, Barnave met en garde contre ce qui se passerait si le comte de Provence, puis le comte d’Artois, se trouvant déchus de leur droit à la régence, le duc d’Orléans s’avisait de sortir de France et d’y rentrer sur réquisition de l’Assemblée ; non seulement, il deviendrait le régent désigné, mais il reparaîtrait en France « avec toute la popularité formée de la haine que se seront attirée les frères du roi ». Au contraire, dans le mémoire, l’importance politique que les émigrés attribuaient au duc d’Orléans se trouve déniée : « il ne faut qu’avoir passé trois jours à Paris pour savoir dans quel mépris, il y est tombé ; personne ne pense à en faire quelque chose ! » On peut répondre d’abord que les lettres en question sont de Barnave, tandis que le mémoire est de Duport. On peut observer ensuite que Barnave n’envisage qu’une hypothèse : le duc d’Orléans deviendrait populaire s’il manœuvrait de la façon qu’on suppose, ce qui n’implique pas qu’il le fût au moment où Barnave écrivait. Enfin, en admettant même que la contradiction fût réelle, pourquoi serait-elle invraisemblable ? Barnave était exposé, comme n’importe qui, à présenter les faits de la manière la plus favorable à la cause qu’il était en train de plaider.

Plus importantes assurément sont les objections fondées sur des erreurs de fait. Certaines sont pourtant sans valeur et il aurait suffi de lire attentivement la publication de Heidenstam pour s’en apercevoir. Ainsi Mr Glagau allègue que dans les lettres du 25 septembre et du 10 octobre, les triumvirs et la reine « soutiennent qu’il appartient au roi de nommer le gouverneur de Paris ». Or, pareil dignitaire n’existait pas à cette époque. Mais le texte publié par Heidenstam parle seulement du gouverneur ». C’est en note que Heidenstam explique qu’il s’agit du gouverneur de Paris et il suffisait de rectifier son erreur : les experts suédois ont aussitôt aperçu qu’il s’agissait du gouverneur du dauphin. De même, Glagau fait grand état d’un passage sur le refus du ministère des affaires étrangères par Mr de Ségur : il aurait décliné le poste à la suite d’une forte manifestation de l’Assemblée natio-