Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/30

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Après la visite aux Tuileries d’un des fidèles amis de la famille royale, l’évêque de Pamiers, Marie-Antoinette écrit à Fersen, le 7 décembre 1791 :

« Il vous dira bien des choses de ma part, et surtout sur mes nouvelles connaissances et liaisons. Je l’ai trouvé bien sévère ; j’avais cru avoir déjà fait beaucoup et qu’il m’admirerait : point du tout. C’est qu’il m’a dit tout net que je ne pouvais en trop faire. Mais, plaisanterie à part, je vous garde, pour le temps heureux où nous nous reverrons, un volume de correspondance très curieuse, et d’autant plus curieuse qu’il faut rendre justice à ceux qui y ont part ; personne au monde ne s’en doute, et si on en a parlé, c’est si vaguement que cela est rentré dans les mille et une bêtises qu’on dit chaque jour. »

Le 22 décembre, Marie-Antoinette écrit de nouveau à Fersen :

« J’ai bien envie de vous envoyer Goguelat, ne fût-ce que pour trois jours, pour qu’il puisse causer à fond avec vous… Mandez-moi ce que vous en pensez. Il ne sait rien de ma correspondance avec les personnes que l’évêque vous a dit. »

Fersen n’est d’ailleurs pas le seul à recevoir ces sortes de confidences de la reine. À Mercy aussi, elle parle ouvertement de ses négociations avec les Feuillants. C’est ainsi que le 31 juillet 1791, en recommandant à Mercy l’abbé Louis, que les triumvirs ont envoyé en mission auprès de l’empereur, elle écrit :

« L’abbé Louis qui va vous joindre… C’est M. Duport qui l’a proposé. J’ai lieu d’être assez contente de ce côté-là c’est-à-dire des Duport, Lameth et Barnave[1]. J’ai dans ce moment-ci une espèce de correspondance avec les deux derniers que personne au monde ne sait, même leurs amis. Il faut leur rendre justice…, etc. ».

Mais tout en reconnaissant que cette correspondance a bien existé, Glagau se croit cependant en mesure d’affirmer

  1. Marie-Antoinette n’avait pas pour habitude d’orthographier les noms en entier. C’est vraisemblablement l’œuvre du déchiffreur.