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qu’elle aurait été brûlée au mois de mars 1792, au lendemain de la chute des Feuillants. Son affirmation s’appuie sur une lettre que Fersen aurait adressée au Roi de Suède, Gustave III, le 24 mars 1792 et qui se trouve dans la collection de Feuillet de Conches[1]. Voici le passage qui s’y réfère : « Dans cette extrémité, le roi et la reine ont pris toutes les mesures possibles, ils ont brûlé et détruit tous leurs papiers. Ceux qu’ils ont absolument voulu conserver sont en sûreté. » Mais il résulte justement de cette lettre qu’ils en avaient gardé une partie et, d’autre part, il n’est pas impossible qu’à cette date, Fersen lui-même fût déjà en possession de la correspondance avec Barnave.

Dans les Mémoires de Mme Campan figure également un passage qui s’y rapporte : Après le 20 juin, la reine mit dans un portefeuille qu’elle confia à Mr de Jarjayes, ses lettres de famille, plusieurs correspondances qu’elle jugeait nécessaires de conserver pour l’histoire du temps de la révolution, et particulièrement les lettres de Barnave et ses réponses dont elle avait fait des copies… » Dans la Biographie universelle de Michaud, nous lisons : « On sait qu’à la fin d’aoust… Ce fut en ce moment d’effroi général que Jarjayes, ne pouvant confier à aucun autre le portefeuille de la reine, se vit réduit à le brûler et à chercher asile hors de chez lui… ». Cette tradition provient sans aucun doute de Mme Campan, car elle se retrouve dans les Mémoires publiés par son neveu. Or, l’autorité de Mme Campan, comme mémorialiste, est trop contestée[2] pour que nous lui donnions la préférence au préjudice de témoignages moins précis il est vrai, mais d’une authenticité absolue et qui expliquent le transfert à Löfstad des documents dont nous avons commencé par montrer que la critique n’a aucune raison de soupçonner non plus l’authenticité.

  1. Louis XVI, Marie-Antoinette et Mme Elisabeth, 1864, V, 361.
  2. Voyez Flammermont, Les Mémoires de Mme Campan, Bulletin mensuel de la Faculté des Lettres de Poitiers, 1886 ; et tiré à part, Paris, Picard, 1886 ; et pour ce qui concerne particulièrement ce qu’elle dit des rapports de la reine et de Barnave : Alexandre de Lameth, Histoire de l’Assemblée Constituante, I, p. XXVIII.