Page:Soderhjelm - Marie-Antoinette et Barnave.djvu/32

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2. — Aucun document ne nous dit à qui Marie-Antoinette a remis cette correspondance, si c’est à Fersen ou à quelqu’un de ses amis, ni à quelle époque elle s’en est séparée. Mais quelques indications suggèrent deux hypothèses hautement vraisemblables. Par une coïncidence, qui paraît ne pas être le fait du hasard, la correspondance s’arrête au moment même où Marie-Antoinette attendait l’arrivée à Paris de Fersen ou plutôt, au moment où il annonçait que ce voyage clandestin, remis plusieurs fois, aurait lieu le 11 février 1792.

La fin de la correspondance coïncide également, il est vrai, avec le départ de Barnave. La dernière lettre est du 5 janvier — Heidenstam l’a placée au 3 janvier — 1792. C’est une lettre personnelle de Barnave. La reine a écrit en bas du dernier feuillet cette note explicative : « Fin de ma correspondance avec 2 : I, qui est parti ce même jour. Je continuerai la correspondance avec 4 : 15 », c’est-à-dire avec Duport. Si elle n’a pas joint cette dernière à la précédente, c’est peut-être qu’elle avait dessein de remettre la correspondance terminée à Fersen, lors de sa prochaine visite.

Il se peut donc que Fersen les ait reçues, lors de sa visite aux Tuileries, en février 1792.

Mais il se peut également que la reine ait confié ce paquet de lettres à un ami de Fersen, à Simolin, ministre de Russie, dont l’arrivée à Bruxelles coïncida avec le départ de Fersen pour Paris, ou bien à l’Anglais Craufurd, lequel vivait, à Paris, depuis le mois de novembre, avec sa compagne Mme Sullivan, qui était aussi l’amie de Fersen ; il était entièrement dévoué à la famille royale et, en cette qualité, fréquemment reçu aux Tuileries.

En tout cas, Fersen était en possession de papiers provenant de la reine, le 9 novembre 1792, jour où il dut quitter précipitamment Bruxelles, sous la menace de l’arrivée imminente des troupes françaises. Fersen note le 9 novembre dans son Journal Intime :

« Il fut décidé qu’on monterait en voiture. On voulut m’en-