Page:Solution du problème social.djvu/18

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illégalités que nous rappelions tout à l’heure, et du progrès des idées et des faits depuis dix-sept ans.

La Révolution de 1830, révolution légale, s’il en fut, avait été l’œuvre de la Bourgeoisie ; la classe ouvrière n’en avait été que l’instrument. Quant au Peuple lui-même, considéré dans son intégralité, il ne paraît pas qu’il eût d’autre but, en 1830, que de mener à fin l’essai du gouvernement constitutionnel, la grande idée de 89. La Bourgeoisie pouvait donc revendiquer la Révolution de juillet comme sa propriété : et comme la Bourgeoisie, formaliste par excellence, affectait surtout cette légalité juridique, délice des hommes d’État, mais dont le Peuple ne se soucie guère, toute la pensée de la Bourgeoisie fut de rendre inviolable à l’avenir une Constitution que le Roi avait violée : la Charte fut proclamée une vérité. Le Peuple, malgré les vives protestations des partis, se tut. Avec quelle raison ? on le verra tout à l’heure.

Tout était louche, équivoque, incohérent, contradictoire dans cette Charte, espèce de contrat léonin, où tout était pour le prince, rien pour le Peuple. Sur les choses les plus essentielles, la Charte était muette ; et toujours ce silence était interprété en faveur soit de l’inertie du Gouvernement, soit de la prérogative royale, contre l’intérêt de la masse. Pendant dix-sept ans, le Gouvernement de Louis-Philippe a trouvé moyen, sans s’écarter jamais ostensiblement de la légalité, de se mettre toujours en travers des vœux, des idées, des sentimens du