Page:Solution du problème social.djvu/66

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mittences de sa pensée ? À supposer que le Peuple puisse être représenté, que feront ses représentans pendant ces intermittences ?… Le Peuple sommeille-t-il quelquefois, comme Jupiter dans les bras de Junon ? Quand est-ce qu’il rêve ? Quand est-ce qu’il veille ? Vous devez m’instruire de toutes ces choses ; sinon, le pouvoir que vous exercez par délégation du Peuple n’étant que par intérim, et l’époque de l’intérim étant inconnue, ce pouvoir est usurpé : vous inclinez à la tyrannie.

Si le Peuple pense, s’il réfléchit, s’il raisonne, tantôt à priori, suivant les règles de la raison pure, tantôt à posteriori sur les données de l’expérience, il court risque de se tromper. Il ne suffit plus alors, pour que j’accepte comme loi la pensée du Peuple, que l’authenticité m’en soit démontrée ; il faut que cette pensée soit légitime. Qui fera le triage des idées et des fantaisies du Peuple ? À qui appellerons-nous de sa volonté possiblement erronée, et par conséquent despotique ?

Sur quoi je pose ce dilemme :

Si le Peuple peut faillir, de deux choses l’une. Ou l’erreur est respectable en lui comme la vérité, et il a droit d’être obéi en tout ce qu’il veut, bien qu’il se trompe. En ce cas, le Peuple est un être souverainement immoral, puisqu’il peut à la fois penser le mal, le vouloir et le faire.

Au contraire le Peuple, en ses erreurs, doit-il être repris ? Il y aurait donc, en certains cas, devoir pour un gouvernement de résister au Peuple ! Qui osera