Page:Solution du problème social.djvu/85

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4. La démocratie est une forme de l’absolutisme.


Si le suffrage universel, manifestation la plus complète de la démocratie, a conquis tant de partisans, surtout parmi les classes travailleuses, c’est qu’on l’a toujours présenté comme un appel fait aux talens et aux capacités, ainsi qu’au bon sens et à la moralité des masses. Combien n’a-t-on pas fait ressortir le contraste injurieux du spéculateur devenu, à force de rapines, une influence politique, et de l’homme de génie que la pauvreté tenait éloigné de la scène ! Quels sarcasmes sur les capacités à 200 francs, et les incapacités telles qu’un Béranger, un Châteaubriant, un Lamennais !

Enfin, nous voilà tous électeurs ; nous pouvons choisir les plus dignes.

Nous pouvons plus ; nous les suivrons pas à pas dans leurs actes législatifs et dans leurs votes ; nous leur ferons passer nos raisons et nos pièces ; nous leur intimerons notre volonté, et quand nous serons mécontens, nous les révoquerons.

Le choix des capacités, le mandat impératif, la révocabilité permanente, sont les conséquences les plus immédiates, les plus incontestables du principe électoral. C’est l’inévitable programme de toute la démocratie.

Or, la démocratie, pas plus que la monarchie constitutionnelle, ne s’accommode d’une pareille déduction de son principe.