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VOYAGE AUX INDES

fait venir ses parens des terres, & se prépare à cette épreuve, en ne mangeant rien de tout ce qui a eu vie. Au jour indiqué, on lui verse une bonne dose de Tanguin, qui le met ordinairement au tombeau : s’il meurt, il est reconnu coupable, & ses parens deviennent esclaves du chef à qui les richesses appartiennent de droit. Cependant comme le chef n’a guères en vue que de s’emparer de ses esclaves & des troupeaux, il laisse la liberté aux parens. C’est ainsi que dans un pays soumis à des loix aussi barbares, chacun est forcé de cacher ce qu’il posséde, s’il veut échapper à l’oppression des chefs : ceux-ci ne risquent point d’être esclaves, car dès qu’ils sont pris à la guerre, ils sont aussi-tôt sagayés.

L’île de Madagascar est divisée en petites souverainetés ; chaque village a son chef, qui vit comme indépendant : la royauté y est héréditaire.

Le Dian, ou chef ne peut rien entreprendre sans assembler le Conseil ; les Étrangers, & même les ennemis, peuvent y assister ; chacun y donne ses conclusions & parle à son tour suivant son rang : jamais on n’entend deux voix ensemble.

Si ce pays étoit habité par les Européens, il seroit peut-être le plus beau, le plus puissant & le plus riche de la Nature ; on y trouve des montagnes de quartz & de crystal de roche, des mines d’or, d’argent & de cuivre, des pierres précieuses, de l’ambre, & beaucoup de quadrupèdes, d’oiseaux, d’insectes & de reptiles qui nous sont très-peu connus, de même que les productions végétales dont l’humanité pourroit tirer de grands secours.

Je vais donner une idée des différentes provinces méridio-