je ne te demanderai rien que ce qui est juste. Cède à ma prière[1], et calme ce ressentiment qui dévore ton cœur, car tu ne pourrais ainsi reconnaître ce que tes vœux ont d’intempestif, et ta colère d’inutile.
Dis-moi vite ce que tu as à me dire, car mes souffrances m’empêchent de comprendre ces longues énigmes.
Je veux te parler de ma mère, de son sort présent, et de son crime involontaire.
O le plus pervers des hommes ! tu oses encore rappeler le souvenir d’une mère qui a tué ton père ! tu veux que j’entende son nom !
C’est que les choses en sont au point où le silence n’est plus possible.
Non, ne me parle point d’elle, après le crime qu’elle a commis.
Tu ne me défendras pas du moins de te dire ce qu’elle a fait aujourd’hui.
Eh bien ! parle, mais prends garde de te montrer indigne de moi.
Je parle. Ma mère est morte, le fil de ses jours vient d’être tranché.
Par quelle main ? il y a quelque maléfice dans le prodige que tu m’annonces.
Elle-même s’est donné la mort, nul autre ne l’a frappée.
- ↑ Δός μοι σεαυτὸν, « livre-toi à moi. » Comme Térence, Adelphes, acte V, sc. 3, v. 32 : Da te hodie mihi.