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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/111

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aidait à vous vêtir, ce me semble, et pourtant je n’en vois sortir personne.

— Vous me pardonnerez, lui répondis-je, il n’y a aucune créature vivante.

— Si est-ce que j’y ai entendu tousser autrement que vous ne faites ; et vraiment, continua-t-il en se levant de table, il faut que je sache qui c’est. Maître d’hôtel, apportez cette chandelle.

En achevant ces paroles, il tira tous les rideaux du lit et vit l’Anglais au coin de la ruelle. Alors, avec un visage comme enflambé de colère, il me chanta mille pouilles :

— Comment ! putain, me dit-il, vous vous êtes donc ainsi moquée de moi ? Vous avez contrefait la chaste et la resserrée pour m’attraper ; et cependant vous faites venir coucher un gueux avec vous, faveur que vous ne m’avez pas départie qu’après m’avoir vu en des passions extrêmes ! Quel affront à une personne de ma qualité ! Ha ! vous vous en repentirez à loisir : dès demain je renverrai querir tous les meubles de céans, que je vous avais baillés, et vous serez bien étonnée de n’avoir plus personne qui entretienne votre dépense.


[1]


Perrette et moi nous esquivâmes, tandis qu’il tenait ce discours, comme si nous eussions eu grande peur. À l’instant, il s’adressa à l’Anglais et lui dit :

— Et vous, monsieur le vilain, je vous apprendrai s’il faut suborner les filles de la sorte ; prenez-le, maître d’hôtel, gardez-le ici jusques à demain, que je le ferai pendre.

— Moi suis gentilhomme, disait l’Anglais ; moi vient des antiq rois de Cosse. Moi fera raison à toi.

  1. ndws : la place de cette illustration n’est pas certaine.