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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/117

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qui un récit est d’aussi mauvaise odeur que la chose même.

C’est assez de vous apprendre que j’allai, comme l’on dit, à Bavière voir sacrer l’empereur, et qu’étant de retour, je me trouvai si changée, que je fus contrainte de recourir aux artifices. Les fards, les eaux et les senteurs furent mis en usage dessus mon corps, pour y réparer la ruine qui s’y était faite. Outre cela, je m’étudiai à garder une certaine façon attrayante et à dire quelques paroles affectées, ce qui enchantait infiniment ceux sur qui je faisais dessein. Un certain homme, fort riche et sans office, en fut tellement épris, qu’il me retira en sa maison pour m’y gouverner plus librement. À ne point mentir, il eût bien pu trouver une maîtresse plus belle que moi, aussi le confessait-il librement ; mais il y avait quelque chose en mon humeur qui lui plaisait tant, qu’il me préférait aux autres. La cause de notre séparation fut qu’il arriva une petite castillewkt entre nous, à cause que je tranchais comme je voulais de son bien, et avec plus de liberté qu’il ne m’avait permis.

L’exercice de mon premier métier étant encore en ma mémoire, ce fut mon soudain refuge. Je m’y adonnai longtemps, ne refusant aucune personne qui m’apportât de ce qui se couche de plat. En ce temps-là un certain coquefredouillewkt, se voulant marier eut envie de savoir auparavant en quel endroit il faut assaillir son ennemi en la guerre de l’amour, où il n’avait jamais montré sa valeur. Il me fut adressé par un sien ami pour lui en donner des leçons. Ayant été chez moi un dimanche après dîner, l’on lui dit que j’étais au sermon, où il s’en alla aussitôt après dîner, pour m’y trouver. Le prêcheur, tombant sur la