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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/151

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être, la tête et les bras vinrent incontinent se mettre en leur place, voulant avoir part au plaisir comme les autres membres. La bouche me baisa et les bras me serrèrent étroitement, jusqu’à ce qu’une douce langueur m’eut fait quitter cet exercice.

La dame me força de me relever incontinent, et, par une ouverture d’où venait une partie de la clarté qui était en l’antre, me mena par la main dans une grande salle, dont les murailles étaient enrichies de peintures qui représentaient en diverses sortes les jeux les plus mignards de l’amour. Vingt belles femmes, toutes nues comme nous, sortirent, les cheveux épars, d’une chambre prochaine et s’avancèrent vers moi en faisant le colin-tamponwkt sur leurs fesses. Elles m’entourèrent et s’en vinrent aussi frapper sur les miennes ; de sorte que, la patience m’échappant, je fus contraint de leur rendre le change. Considérant à la fin que je n’étais pas le plus fort, je me sauvai dans un cabinet que je trouvai ouvert, et dont tout le plancher était couvert de roses à la hauteur d’une coudée. Elles me poursuivirent jusque-là, où nous nous roulâmes l’un sur l’autre d’une étrange façon. Enfin, elles m’ensevelirent sous les fleurs où, ne pouvant durer, je me relevai bientôt ; mais je ne trouvai plus pas une d’elles, ni dans le cabinet ni dans la salle. Je rencontrai seulement une vieille, toute telle qu’Agathe en vérité, qui me dit :

— Baisez-moi, mon fils, je suis plus belle que ces effrontées que vous cherchez.

Je la repoussai rudement, parce que j’étais même fâché de ce qu’une créature si laide parlait à moi. Mais comme j’eus le dos tourné, elle me dit :