Aller au contenu

Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128

— Non, non, me répondit-elle, ce sont des panaches que portent invisiblement les cocus.

Alors, Valentin sortit du lieu le plus secret du temple, vêtu en ramoneur de cheminées et paré de cornes d’argent.

— Ce n’est pas moi qui te fais porter ceci, dis-je en moi-même, mais je le voudrais bien.

Les femmes qui étaient entrées, l’ayant vu paraître, commencèrent à siffler et à lui faire mille niches, qui le contraignirent de se retirer.

— Les cornes d’argent qu’il porte, me dit-on après son départ, veulent signifier que son cocuage lui est profitable. Et, regardez, vous en verrez même en ce lieu de toutes chargées de pierreries ; car, quant à celles qui sont simplement de bois, elles démontrent que celui à qui elles appartiennent, ou à qui elles doivent appartenir, est Janinwkt sans qu’il le sache et n’est point plus riche pour cela.

Ayant prié à loisir le dieu Vulcain à ce qu’il me donnât la grâce de plutôt planter des cornes que d’en recevoir, je retournai au temple de l’Amour, à qui je fis une dévote oraison, où je le suppliais de me départir le pouvoir de gagner tant de pucelages que j’en couvrisse tout son autel. De là je m’en voulus retourner à la salle des dames, mais je rencontrai Valentin sur la porte, qui, se courbant, me donna de roideur un tel coup de ses cornes dedans le ventre qu’il m’y fit une fort large ouverture. Je m’allai coucher dans le cabinet des roses, où je me mis à contempler mes boyaux et tout ce qui était auprès d’eux de plus secret : je les tirai hors de leur place et eus la curiosité de