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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/155

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les mesurer avec mes mains, mais je ne me souviens pas combien ils avaient d’empanswkt de long. Il me serait bien difficile de vous dire en quelle humeur j’étais alors ; quoique je me visse blessé, je ne m’en attristais point et cherchais aucun secours. Enfin, cette femme, qui m’avait auparavant pissé dans la bouche, s’en vint à moi et prit du fil et une aiguille, dont elle recousit ma plaie si proprement, qu’elle ne paraissait plus après.

— Venez voir votre Laurette, me dit-elle à l’heure : elle est dedans ma caverne.

Je la suivis, ajoutant foi à ses paroles ; et quand je fus descendu, j’aperçus Laurette en un coin tout immobile. À l’instant je courus l’embrasser ; mais au lieu de sentir une chair douce et délicate, je ne sentis rien qu’une pierre froide ce qui me fit imaginer que ce n’était qu’une statue. Toutefois, je voyais les yeux se remuer comme s’ils eussent été vivants, et la bouche, après un mignard sourire, me dit :

— Vous soyez le bienvenu, mon Francion ; ma colère est passée, il y a longtemps que je vous attends ici.

La femme qui m’avait conduit là, me voyant en grande peine alors, m’apprit qu’il était inutile d’embrasser Laurette, et qu’elle était enfermée d’un étui de verre à proportion de son corps, que l’on voyait aisément au travers. Cela dit, elle me parla de Valentin et me fit accroire que j’étais aussi impuissant que lui aux combats de l’amour, mais qu’elle avait des remèdes pour me donner de la vigueur. M’ayant donc fait coucher tout de mon long, elle me fourra une baguette dedans le fondement, dont elle fit sortir un bout par la verge, qui demeurait en