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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/213

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Amoris vulnus idem qui facit sanat. Guérissez un pauvre moribond, c’est à vous à faire ; autrement je chanterai avec le poète Properce, que vous connaissez pour un bon auteur et sans reproche : Solus amor morbi non cupit artificem.

En suite de cela, il dit tant de tripes de latin, que je pense qu’il débagoulawkt-3 tout ce qui était dans le pot-pourri de ses lieux communs sous le titre De amore. Frémonde, sans faire semblant de trouver de l’impertinence en ses discours, les écoutait attentivement, et ne lui répondait pas néanmoins aussi favorablement qu’il avait espéré ; voilà pourquoi il poursuivit ainsi :

— Quoi donc, belle, plus Vénus que Vénus de Cypre quelque raison que moi, misérable passif, puisse faire au genre démonstratif, et quelque syllogisme que je puisse faire couler de ma bouche, vous ne sauriez croire que je sois votre superlatif serviteur per omnes casus ?

— Vous n’êtes pas né pour servir, monsieur, répondit alors Frémonde ; il n’y a point de fille, si ambitieuse qu’elle soit, qui se voulût donner la qualité de votre maîtresse ; pour moi, je prendrais plutôt celle de votre esclave.

Hortensius fit là-dessus des répliques qui n’ont point de comparaison en plaisanterie, et les discours de tous les pédants du monde ne sont rien au prix ; car, avec tout cela, il excoriait des mieux la langue latialewkt, et se servait d’un petit nombre de proverbes grecs dont il entrelardait ses propos. Je vous laisse à juger si Frémonde entendait tout ce qu’il lui disait.

Elle, qui recevait toutes ses offres de service en bouf-