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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/214

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fonnant, selon sa coutume, ne laissa pas de lui assurer qu’elle l’irait visiter dans peu de temps et ne mènerait que deux bourgeoises de ses voisines en sa compagnie, et possible ce jeune avocat qui lui faisait l’amour, lequel elle lui disait être son cousin-germain. Sachant le jour que la reine de son cœur devait venir en sa maison, il fit force préparatifs, l’amour l’ayant rendu prodigue et voulut pour le moins dépenser le demi-quartier d’une pension à lui apprêter une collation somptueuse.

Je songeai donc que, par aventure, ne m’y prierait-il pas, et que, pour ne laisser le certain pour l’incertain, il n’était que de faire son coup de bonne heure. Une bouteille de vin muscat et une autre d’hypocras étaient dans son étude, qui me tentaient d’une étrange façon ; mais quel moyen de les avoir ?

Les planches par où j’avais pris le lièvre étaient reclouées. En cette pensée, j’entrai dans sa chambre, où, voyant Hortensius lire un grand livre, je regardai au titre ce qu’il commençait ; c’était un traité de l’État et de la puissance du Grand-Turc.

— Voici un beau livre, me dit-il, j’y viens d’apprendre ce que je ne savais pas encore ; il fait bon vivre et tout remarquer. C’est que l’on ne tourne jamais le cul à ce grand empereur, qui tient le siège de Mahomet, et que l’on s’en va à reculons de devant lui, quand l’on serait même ambassadeur de France. Souvenez-vous bien de cela, fripon, et l’écrivez tantôt dans votre recueil.

— Voilà qui est fort plaisant, ce dis-je en riant, car depuis qu’il était amoureux j’étais devenu aussi grand