Aller au contenu

Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195

voulait jouer à la mouche, et se défendait au moins mal qu’il pouvait. En suite de ceci, l’on lui dit que tout résolument il fallait qu’il dansât au son de la vielle avec Frémonde, et qu’il ne lui avait point montré encore ce qu’il savait faire. Il s’accordait bien à cela, néanmoins il ne voulait point quitter sa soutane, non pas qu’il craignit que l’on la lui dérobât, comme un fort brave homme que je connais, qui danse toujours avec son manteau de peur qu’il ne s’égare, mais parce qu’il avait peur que l’on ne vit que son pourpoint était privé de deux ou trois de ses basques, et déchiré en plusieurs lieux, dont quelques-uns étaient rapetassés avec des étoffes d’une autre couleur ; quelque résistance qu’il fît, il fallut qu’il quittât la vénérable couverture de sa pauvreté. Ce ne fut pas un maigre passe-temps de lui voir faire des fleurons, des passages et des cabrioles, qui étaient, je pense, les mêmes que Socrate eut la curiosité d’apprendre un peu avant sa mort. Cependant l’un des jeunes hommes vêtit sa soutane, et commença à se carrer avec. Hortensius, le voyant, lui assura qu’en cet habit il était du tout semblable au principal du collège ; et là-dessus un autre lui demanda quel personnage c’était que ce principal : « Je vous dirais qu’il est de mérite s’il ne me louait point ces chambres trop cher », répondit-il ; et en après il en dit quelque mal, comme il était d’un esprit médisant, spécialement contre ceux qui tiraient la moelle de sa bourse.



Sur ce propos, ayant pris une basse de viole sur le ciel de son lit, s’imaginant d’en savoir bien jouer, il en voulut charmer sa maîtresse : de fortune le vielleux savait