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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/224

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— Quel diable de ballet voulez-vous que je danse ? Monsieur Hortensius, à quel jeu est-ce que vous jouez ici ? Vertu-nom-de-Dieu ! je pense que vous êtes ivre !

— Ha ! monsieur, ne vous fâchez point, dit Hortensius, qui n’avait pas tant bu qu’il ne reconnût bien son principal, j’ai fait ici un convivewkt à quelques-uns de mes amis avec lesquels je m’ébaudis un peu. Ce n’était pas à vous que je parlais tout maintenant ; c’était à un d’entre eux qui va faire l’introït d’une mômerie cimmérienne qu’il a entreprise avec le reste de la société.

— Mais où sont ces gens-là, dont vous parlez ? reprit le principal.

— Ils se déguisent dans la chambre de mes disciples, répondit Hortensius.

Le principal alla dans cette chambre aussitôt, et, n’ayant trouvé personne du monde, lui vint dire :

— Je pense pour moi, que vous n’êtes pas bien sage, et que vous vous imaginez être en grande compagnie, encore que vous soyez tout seul. Hé ! quel ravage est-ce que vous avez fait parmi toute votre chambre ? il semble que les pourceaux y aient entré. Comment ! voilà le bon Sénèque et les auteurs de la langue latine dans les ordures, dit-il en ramassant quelques livres que l’on avait jetés par terre au plus fort de la débauche : Et vous, maître vielleux, je vous battrai à dire : d’où venez-vous ? qu’êtes-vous venu faire à mon collège ? Par aventure, votre belle mélodie a-t-elle fait perdre davantage le jugement à cet homme-ci, qui, n’ayant point d’égal au bien-dire, était véritablement un phénix ?

— Hélas ! monsieur, pardonnez-moi, dit le vielleux