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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/227

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En disant cela, il prit une chandelle, et s’en alla par tout le logis. Le principal, heurtant à nos études, nous demanda s’il y avait eu quelqu’un avec notre maître nous répondîmes que nous n’en savions rien, afin de lui montrer que nous apprenions notre leçon avec tant de ferveur, que nous ne songions pas aux choses indifférentes qui se passaient dans le logis.

— Je ne sais que veux signifier ceci, dit Hortensius en revenant de la quête, je ne rencontre personne.

— Allez, allez vous coucher, vous en avez besoin, répondit le principal, qui croyait qu’il eût perdu l’esprit. Je m’en vais mener le vielleux prendre son repos chez moi, de peur que vous ne vous querelliez de nouveau, ou que, faisant la paix, vous ne recommenciez la musique.

Ayant dit cela, il emmena le bonhomme, qu’il paya de quelque argent qu’il avait à notre maître. Eux étant partis, Hortensius me demanda où étaient allées Frémonde et ses compagnes. Je lui fis accroire qu’ayant avisé le principal qui venait en notre logis elle m’avait prié d’ouvrir la porte de derrière pour s’en retourner, craignant qu’il ne la vît là, et que tous les jeunes hommes l’avaient suivie. Là-dessus, il me demanda où était sa soutane ; et je lui dis que celui qui avait voulu faire le principal l’avait emportée et avait dit qu’il la vendrait le lendemain pour donner à déjeuner à sa bande.

— Ha ! Jupiter Hospitalier, s’écria-t-il, vous avez vu comme j’ai toujours honoré votre déité ; j’ai traité splendidement mes hôtes, et pourtant ils m’ont volé : faites m’en la raison !

Avec cette fâcherie, il s’alla mettre au lit, et le lende-