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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/247

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Quelque temps après, j’eus encore la curiosité de retourner à cet abominable lieu, et, en me promenant le long de la galerie des Merciers, je revis mon sot, avec une longue robe noire à parements de velours et une soutane de satin, qui parlait à une jeune parfumeuse bien gentille, dont il touchait les tétons et baisait la joue, faisant semblant de lui dire un mot à l’oreille. Je me résolus alors de savoir, à quelque prix que ce fût ce qu’était mon compagnon ; mais l’action où je le voyais me faisant remettre la partie, je passai outre, et le lendemain revins un peu plus tôt. Ne le trouvant pas à l’endroit même, je m’en allai d’un côté et d’autre, et pensai m’égarer dans les détours où je rencontrais toujours quelques petites chambres obscures et mal bâties, où je voyais une infinité de gratte-papiers dont les uns cherchaient des sacs et les autres écrivaient, et, de temps en temps, recevaient de l’argent qui me faisait infiniment envie. Je m’amusais à les regarder compter, comme je vis sortir mon jeune drôle d’une chambre prochaine, en même équipage que le jour précédent.

Il était suivi d’une demoiselle éplorée qui tenait un papier en sa main, et d’un vieillard d’assez bonne mine, vêtu de même que lui, qui parlait à lui la tête nue et avec un très grand respect, encore que l’autre ne se détournât pas seulement pour le regarder, et s’amusât à chanter :

Las ! qui hâtera le temps.

À cause qu’il allait fort vite, et que je ne le pouvais suivre, je m’avisai qu’il le fallait appeler par le nom que