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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/259

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impressions de moi qui ne m’eussent pas été favorables. En ma solitude je n’avais point d’autre occupation que de penser à elle ; et, cela étant cause que ma passion s’enflammait davantage, j’étais si fol, que je prenais quelque sorte de plaisir à passer tous les soirs devant sa porte, encore que ce me fût une chose la plus inutile du monde.

En ce temps-là, si j’eusse voulu me mêler du métier de certains fripons d’écoliers de ville que je connaissais depuis peu, il m’eût été facile de me vêtir à peu de frais, car toutes les nuits ils ne faisaient que dérober des manteaux en quelque rue écartée ; mais jamais je ne pus me résoudre à rabaisser mon courage jusques à faire des actions si infâmes. J’aimais mieux l’accointance de certains philosophes qui me promettaient des montagnes d’or par une voie licite et honorable. Toutefois, à la fin, je laissai leur conversation, d’autant que je connus que c’étaient des vendeurs de fumée qui déjà s’ennuyaient aussi de communiquer avec moi, à cause que, n’ayant rien à perdre, leurs tromperies étaient inutiles à mon endroit. Au commencement, j’avais été pour le moins aussi fin qu’eux, et leur faisant espérer qu’il me viendrait bientôt une notable somme d’argent de mon pays, dont je les assisterais pour acheter ce qui était nécessaire en leurs opérations, je les invitai à m’apprendre beaucoup de secrets de la magie naturelle, desquels je me suis déjà servi en plusieurs occasions : voilà le profit que j’eus de les avoir fréquentés.

Après, je m’adonnai à une autre étude. Ce fut à celle de la poésie française, qui eût pour moi des appâts dont je ne cessai jamais d’être enchanté. Mon entretien ordi-