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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/282

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l’en fit sortir : mais la poudre de Cypre dont vous étiez couvert, vous empêcha de sentir une si mauvaise odeur.

Cette nouvelle me contenta tout à fait, et j’eus pourtant la curiosité d’aller en l’église, voir si l’on ne me donnait point une bastewkt-3 : je trouvai encore l’ordure dans le banc, que l’on n’avait pas nettoyée, et la vue de cette infection me plut davantage que n’a jamais fait celle des plus belles fleurs, à cause que, par ce moyen, j’étais délivré d’une extrême peine. Lorsque Diane sut mon soupçon, je pense qu’elle ne put pas se garder de rire ; mais néanmoins tout se tournait à mon avantage, d’autant que par là elle pouvait apercevoir le souci que j’avais de me conserver ses bonnes grâces.

L’on dit ordinairement que le prix des choses n’est accru que pour la difficulté que l’on rencontre à les avoir et que l’on méprise ce qui se peut acquérir facilement ; je reconnus cette vérité alors mieux qu’en pas une occasion. Quand j’avais trouvé des obstacles à gagner la familiarité de Diane, je l’avais ardemment aimée. À cette heure-là, parce que son cousin me promettait de me mener en son logis lorsque son père n’y serait pas, et de me faire non seulement parler à elle, mais encore de la persuader de telle façon que j’en obtienne beaucoup de protestations de fidélité, je sentais que ma passion s’affaiblissait petit à petit. Le principal sujet était que je considérais qu’il ne fallait pas m’attendre de remporter de cette fille-là quelques signalées faveurs, si je ne l’épousais : or j’avais le courage trop haut pour m’abaisser tant que de prendre à femme la fille d’un avocat ; et, si sachant bien que tout homme de bon juge-