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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/293

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est, l’on a connaissance que vous êtes la seule pierre calamitewkt-6 de tous ces courages de fer qui vivent à la cour. J’entends parler des dames qui, nonobstant leur dureté, sont navrées des flèches de vos yeux, et n’ont point de feu dont votre beauté n’ait été l’allumette.

L’autre répond là-dessus, avec une vanterie étrange, que certes il y avait quelques dames qui l’affectionnaient ; et, pour le témoigner, il montra un poulet, qu’il avait possible écrit lui-même, disant qu’il venait d’une amante.

Cet entretien-là ne me plaisant pas, je retourne à celui des autres, qui n’était pas de beaucoup meilleur ; ils jugent des affaires d’État comme un aveugle des couleurs, et celui qui avait parlé de sa terre, faisant extrêmement le capable, dit que, depuis que le roi l’avait démis d’une certaine charge qu’il avait, il n’y avait rien eu que du désordre en France, et que c’était lui qui avait été la cause qu’elle s’était longtemps maintenue en paix. Là-dessus l’on vint à parler de guerre, et chacun conta les exploits imaginaires qu’il y avait mis à fin. Parfois il y en avait qui disaient qu’on appela leurs pages, d’autres leurs gentilshommes suivants, pour montrer seulement qu’ils en avaient, et, s’ils leur donnaient quelque message à faire, c’était pour paraître grandement affairés.

J’étais si las de voir leurs simagrées, et d’entendre leurs niaiseries, que j’eusse donné tout ce que l’on eût voulu pour être dehors. Enfin, tout le monde s’étant levé pour saluer un grand seigneur nommé Clérante, qui arrivait, je trouvai moyen de m’échapper parmi la