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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/313

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pommes. Hélas ! je puis bien confesser tout, car je me meurs. Le diable vous emporte, mademoiselle, ou que je sois foutu en quille de bisque, si je ne suis plus amoureux de vous qu’un gueux ne l’est de sa besace ! Quand je vous vois, je suis ravi comme un pourceau qui pisse dans du son. Si vous voulez, malgré Roland et Sacripant, vous serez mon Angélique et je serai votre Médor ; car il n’y a point de doute que la plupart des seigneurs sont plus chevaux que leurs chevaux mêmes. Ils ne s’occupent à pas un exercice de vertu, ils ne font que remuer trois petits os carrés dessus une table, et je ne dis pas tout. Dernièrement, avec une lunette d’Amsterdam, je vis jusqu’à une île où vont les âmes de tous ces faquins, métamorphosées en monstres horribles. Quant aux demoiselles, elles se font fretinfretailler sans songer à pénitence ; l’on les culbute dans les antichambres, dans les allées, dans les galetas, sans songer si le plancher est dur, et l’on leur fourre je ne sais quoi sous la cotte (ce n’est pas leur busc que je veux dire).

La fin de ce beau discours fut la chanson de : Tant vous allez doux, Guillemette, et celle de : Vous me la gâtez, avec Pimpalo, qu’il chanta à gorge déployée ; tellement qu’il étourdit de sorte Clérante, qu’il le fit taire et commanda de se servir d’un autre entretien plus modeste. Il recommença donc des discours à perte de vue, où il entremêlait toujours quelques vérités de la cour qui émouvaient à rire la compagnie. Il y eut un je ne sais qui d’homme de ville, vêtu de satin noir, qui survint, et ne reçut pas volontiers quelques injures qu’il lui fit, comme de dire à Luce qu’il avait la mine d’une