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Page:Sorel - L’Histoire comique de Francion, 1925.djvu/324

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pense qu’il n’y avait encore que ses doigts qui eussent marqué mon logis. Mais la chance se tourne, et le destin se montre incontinent notre adverse partie. Luce, ayant envie de pisser, sort de sa chambre et s’en vient à la garde-robe où nous étions, dont elle ouvre la porte avec un passe-partout, cependant je suis fort fâché d’être contraint, par cette surprise, de retirer le mien de la serrure de l’honneur de Fleurance que je crochetais. Luce étant entrée, voit sa demoiselle qui, en ravalant sa cotte, saute de dessus le lit ; un vermillon naturel couvre ses joues, autant pour la chaleur qu’avait excité la véhémence de notre action que par la peur qu’elle avait ; ses cheveux étaient tout désordonnés. Luce, en la regardant, lui demanda si elle venait de dormir. En achevant la parole, elle tire un rideau du lit pour chercher le pot de chambre, et m’aperçoit à la ruelle comme je rattachais mon haut-de-chausse ; elle me demande ce que je fais là, et je lui réponds, sans m’étonner, que je venais de faire recoudre un pli de mon haut-de-chausse par sa demoiselle.

— Vous deviez allez plus au jour qu’en ce lieu-là, dit-elle, et à d’autres ! À qui vendez-vous vos coquilles ?

D’un autre côté, elle voit sa demoiselle qui a le sein tout découvert et le collet tout détaché, parce que j’avais voulu baiser son téton : cela lui fit reconnaître entièrement notre forfait.



— Comment ! petite effrontée, dit-elle à Fleurance, vous faites ici entrer des hommes pour prendre vos ébats ! vous déshonorez ma maison ! Ah ! qu’il vous faudrait bien frotter !